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Le Gaumont-Palace
Place Clichy, Paris 18°
Inauguré le 13 mai 1900, l’hippodrome de Montmartre, change trois fois de propriétaires en seulement 3 ans. Sous le nom d’hippodrome Bostock, du nom de son nouveau propriétaire, il devient un cirque aux spectacles réputés. Mais suite à des problèmes de gestion, il ferme ses portes en 1907, alors que des projections cinématographiques y avaient eu lieu cette même année.
Léon Gaumont rachète l’édifice et le Gaumont-Palace ouvre ses portes le 11 octobre 1911, doté d’une capacité de 3 400 sièges, faisant ainsi de l’établissement la plus grande salle du monde jusqu’à l’ouverture du Capitole de New York en 1919. Le cinéma fait malgré tout le plein régulièrement grâce aux sérials très populaires à l’époque, notamment ceux de Louis Feuillade, tels Judex, Les vampires ou Fantômas, produits par la Société Gaumont, mais aussi déjà, des longs- métrages, comme le blockbuster de l’époque, Quo Vadis de 1912.
Dans les années 20, le cinéma est en pleine mutation. Les longs-métrages commencent à s’imposer et le système de distribution par exclusivité devient progressivement la norme. Le Gaumont-Palace ne fait pas exception à la règle et projette son premier long-métrage en première exclusivité en 1921, L’Atlantide de Jacques Feyder. Durant cette décennie, parmi les grands succès de la salle, citons Napoléon d’Abel Gance, joué pendant 10 semaines et La grande parade de King Vidor qui tient l’affiche 6 semaines, avant d’être repris 8 mois plus tard. Dans les deux cas, ces films furent diffusés par le cinéma en seconde exclusivité.
Après 11 mois de travaux, le cinéma est entièrement transformé, dans un style Art déco, totalement sonorisé et d’une capacité record de 6000 places, en 1931. Cette capacité est toutefois remise en cause par l’historien Jacques Choukroun qui, se basant sur les plans de la salle, l’estime à 4222. Suffisant dans tous les cas pour rester au moins la plus grande salle d’Europe.
Les dimensions de ce nouveau cinéma sont proprement impressionnantes. 55 mètres de long, pour un volume de 60 000m³, deux balcons construits comme de véritables ponts de près de 45 mètres de portée sans aucun poteau de soutien, un cadre de scène de 330m² et un écran de 250m² ! Le Gaumont-Palace dispose également d’un orchestre permanent de 30 musiciens, afin de jouer durant les entractes ou pour les ballets et autres attractions qui avaient régulièrement lieu. L’orchestre était équipé d’un imposant orgue Christie, composé de 1500 tuyaux, 2500 électro-aimants et d’une console comptant 175 registres différents. Cet orgue se trouve aujourd’hui au Pavillon Baltard, à Nogent-sur-Marne. Pour faire tourner l’établissement, un personnel permanent de plus de 110 salariés était nécessaire.
Afin d’assurer au mieux la rentabilité d’un tel investissement, le choix est fait de projeter des films uniquement en seconde exclusivité. En effet, cela permet de s’assurer de projeter uniquement des films à succès, tout en conservant l’effet de la nouveauté, et ainsi limiter le risque d’une fréquentation insuffisante. Le fait de diffuser des films en seconde exclusivité explique les tarifs relativement bon marché du Gaumont-Palace. Dans les années trente, ceux-ci étaient compris entre et 8 et 15 Frs selon la séance et l’emplacement dans la salle, alors que le prix atteignait les 25 Frs dans certaines salles d’exclusivité, comme le Marignan, L’Olympia, le Paramount ou le Rex. De fait, le Gaumont-Palace ne deviendra une salle de première exclusivité qu’après la Seconde Guerre mondiale.
Ce changement de politique fut possible, car sa capacité initiale fut ramenée à « seulement » 3 670 fauteuils. En 1954, la décoration est entièrement changée, l’écran est remplacé par un plus grand, d’une base de 24 mètres, et l’acoustique optimisée.
Cinq ans plus tard, il s’équipe pour des films de format 70mn, idéal pour la projection de films à grand spectacle, comme Ben-Hur ou Salomon et la reine de Saba. En 1962, le Gaumont-Palace signe un contrat de 5 ans avec Cinérama, ce qui lui permet de projeter La conquête de l’ouest. En contrepartie, Cinérama exige de la salle qu’elle ferme un de ses balcons, dans un souci de confort des spectateurs, ce qui réduit sa capacité à 2400 places.
À l’orée des années 70, la raréfaction des films épiques, et, en raison de son volume, la qualité de l’image et du son considérées comme moyenne au regard de salles plus récentes, lui valent d’être progressivement délaissée par le public. Le paquebot du cinéma français ferme ses portes en avril 1972, après avoir joué Les cowboys avec John Wayne. Vendu à des promoteurs immobiliers, le cinéma est détruit l’année suivante. Gaumont profitera de l’argent ainsi récupéré pour restructurer et rénover son parc de salles dans tout le pays.
Pour découvrir la carrière du Gaumont-Palce d'avant 1944, rendez-vous ICI
©Maurice Gravot (Mobilier et décoration - 1931)
©Alain Vilain (La Photographie Générale) ©Chevodon
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